• 04/11/2020
  • Laury Bertrand

L'amour irréversible

Monsieur et Madame Adelman (Nicolas Bedos, 2017)

Pour son premier film, Nicolas Bedos nous emporte dans une histoire amoureuse grinçante mais pleine de vérité. Il nous y raconte un amour long de 45 ans entre Victor et Sarah Adelman. Un amour plein de passion et de peine.

L'entame du film nous dévoile les funérailles de Monsieur Adelman, où on y apprend que ce dernier était écrivain et grand poète. Un moment solennel et plein d’émotions, chose que sa femme ne partage pas. Grâce à un journaliste Antoine Gouy présent ce jour, on comprends pourquoi cette femme est ainsi.

Filmer de maniéré moderne, et sublimé par un montage contemporain, le réalisateur dresse une histoire d'amour réaliste. En effet on pourrait s'attendre à ce que ce film parle d'un début de romance idyllique et se termine par « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants» ; c'est tout autre. Nous, spectateur, somme bercé par la voix calme, authentique et sincère de Sarah Adelman (Doria Tillier) racontant en voix off son amour passionnel avec son mari Victor Adelman (nicolas bedos), le tout illustré en flash-back.

Le film est rythmé par la passion, d'abords de manière lente puis rapide. C'est pourquoi certaine longueur peuvent se faire ressentir au début mais son nécessaire pour le coté authentique de l'histoire d'amour. Ainsi, Bedos nous raconte TOUTE l'histoire, du commencement jusqu'à l'extinction de cette passion amoureuse, prêt d'un demie siècle y est raconter. Un chapitrage est alors visible à l’écran, chose peu commune mais juste pour cette romance. Chapitrer le film, comme on chapitrerai un livre ou même une vie, voilà une manière originale de faire sa première oeuvre. Madame Adelman finit une vie avec la mort de son mari et fait le point. Un témoignage fait de haut et de bas, sous fond de mélancolie.

Cette histoire d'amour en effet n'est pas lisse. Faite de cachotteries, de mensonges et de tromperies, le bateau avait tout pour couler, mais ne sombre pas. Alors, est-ce crédible ? Dans l'ensemble ça fonctionne. L'alchimie entre les acteurs marche plutôt bien (à savoir que le couple de cette fiction a vraiment existé), le scénario reste logique mais la lenteur du début est regrettable au vu du dynamisme de la deuxième heure du film.

« Pourquoi [on] pleure? Parce que c'est bien » Équilibre parfait entre moment de joie et de haine envers ces deux personnages, on ne voit pas forcément ça dans des films d'amour classique. Comme toute passion, elle est violente et même destructive. La fin du film en fait les frais.