Nous vous regretterons
Adieu les cons (Albert Dupontel, 2020)
Un film d’Albert Dupontel est toujours un rendez-vous avec des personnages haut en couleurs, et celui-ci n’échappe absolument pas à la règle. Nous suivons en effet Suze (Virginie Efira, au top), mourante, qui va chercher à découvrir l’identité de l’enfant qu’elle avait eu sous X quand elle était mineure. Un film assez intéressant qui marche dans les pas des précédentes oeuvres du réalisateur avec un humour très efficace.
Le film tourne autour de Virignie Efira et de ses sentiments vis-à-vis de sa fin proche. Au départ dramatique, l’apparition de JB (Dupontel, toujours excellent) donne un ton détonnant au film, qui lui permet de toucher tous les publics en mélangeant le rire et la mélancolie en un seul personnage. On peut également citer Nicolas Marié en M. Blin, gentil aveugle, qui apporte un vent de fantaisie bienvenu au film. On peut également citer le médecin atteint de la maladie d’Alzeimer qui détient la vérité, ou encore le psychologue campé par Michel Vuillermoz, qui permettent de rire un coup avant de reprendre le fil narrateur du film. Tout ces personnages fantaisistes pourrait d’ailleurs avoir côtoyé le Vilain (2009) ou Bernie (1996), tant ces personnages représentent le réalisateur et sa folie psychologique que l’on connait.
Si certains peuvent avoir du mal avec les situations surréalistes au cinéma, ils ne seront toutefois pas certains de ne pas apprécier le film. En effet, ce qui fait la force de Adieu les cons et qui le différencie de ses pairs tient dans sa manière de présenter des sujets de société, tels que l’adoption, le piratage informatique, avec un décalage proche d’un Woody Allen ou d’un Monty Python. Cet art est assuré par les personnages et leurs réactions face aux éléments perturbateurs de l’intrigue, ou tout simplement à leur destin, tels que la tentative de suicide de JB ou encore les soupçons de la police. On peut aussi noter dans ce sens les images montrant Suze lorsqu’elle est jeune, qui font penser à de vieilles cartes postales. Ce mélange des couleurs renforce cet aspect fantaisiste auquel l’auteur nous avait habitué dans Neuf mois ferme (2013).
Dupontel ne fait toutefois pas dans la dentelle en ce qui concerne l’actualité, et ce ne seront pas les policiers qui diront le contraire. La phobie des policiers de M.Blin exprime une certaine amertume de la part de l’auteur envers les forces de l’ordre, principaux antagonistes du film. Mais là aussi, Dupontel s’en moque plus qu’il ne les humilie. Ces policiers nous font quand même rire de bon coeur lors des gags. On pourra par contre regretter la fin du film, trop brutale et tirée par les cheveux pour les protagonistes, qui ainsi coupe net l’attachement que nous leur portions grâce à leur caractère positif tout au long du film.