• 04/11/2020
  • Mélissa Lezcano

Fable du bien pensant

Confident royal (Stephen Frears, 2017)

Le film Confident Royal ou « Victoria and Abdul », de son nom d'origine, est un film sorti en 2017 réalisé par Stephen Frears, il dure 1 h 52 et ce situe dans la catégorie drame/historique selon internet. Ce film est tiré de fais réels, il nous amène dans l’histoire de la reine de Grande-Bretagne et d’Irlande à l’époque. Victoria va faire la rencontre de Abdul Karim jeune indien employé de prison de confessions musulmane, choisie pour participer au jubilé de la reine. Il va donc voyager jusqu’en Grande-Bretagne pour lui remettre un présent venu des colonies en Inde. Ce récit raconté commence en 1887 et se termine après la mort de Victoria en 1901.

Comme nous le montrent les dates de cette histoire, cela se passe au moment où l’empire de Grande-Bretagne était colonisateur. Il m’aurait semblé pour moi que des le commencement le film prendrait un parti pris sur la vision et les questionnements de la colonisation et du racisme. Il manque donc une remise en question des positions dominantes dominées, ou du moins un début de déconstruction de certains clichés et des images coloniales. Il est important de pensait à ce que cela produit comme trope sur les spectateurs et la société en général ! Cela reste dans cet aspect trop bien pensant pas assez politiquement impliqué. C’est une fable, un conte un peu trop romantisé qui reste de la comédie. J’ai donc du mal à comprendre pourquoi ce long métrage est qualifié autant d’historique alors que justement, il en manque une vision plus globale sur les acteurs et enjeux. Pour reprendre ce point de la « fable », nous voyons que le réalisateur aborde de manière très comique les coutumes et protocoles de la cour qui entoure Victoria. Ce qui pourrait en être une critique comme dans son antérieur The Queen en 2006. Par exemple au début on fait habiller nos deux Indiens Karim et Mohamed de la « manière indienne » de la cour, et non comme il se fait dans la coutume de leurs pays. Mais aussi par exemple, tous les sujets de la reine sont souvent mis dans des situations embarrassantes par elle-même où ils ne savent pas comment réagir ce qui crée ces situations comiques.

Mais on ne peut enlever, le côté esthétique est bien exécuté du film, nous avons un très bon casting, la recherche des costumes ainsi que les décores sont mis en valeurs. Nous ne pouvons pas passer en regardant ce long métrage sur travail réalisé. Cela me rappelle effectivement « La Petite Princesse » d’Alfonso Cuaron ou là aussi on retrouve une grande implication dans la recherche ses costumes et des décors. Notamment on y retrouve une question importante, le racisme et les orphelins de guerre, mais cela reste abordé trop légèrement voir maladroitement qui découle sur cette image clichée du Sauveur blanc.

Stephen Frears, pareillement dans Confident Royal touche un sujet important sans vraiment y entrer. Il le survole, ce qui est voir gênant à certains moments du film. Par exemple le rôle de Karim manque de questionnement personnel envers sa condition de « serviteur » et l'état de son pays. Il reste fidèle, préoccupé que par la reine et leurs amitiés. Ce qui certes a quelque chose de beau moralement, mais pour ma part est trop poussé. En comparaison à son ami Mohamed qui l’accompagne, qui lui va taxe-les britanniques de barbare, il préfère être dans son pays. Il reste très critique envers la Grande-Bretagne et mets en opposition les actions de Karim justement. Quant à lui, il garde son côté très optimiste sur la situation et ne voit que son microcosme avec la reine, sans remarquer que son ami se dégrade de jour en jour jusqu’à en mourir de maladie.

Ainsi ce film peut être apprécié pour ces allures de fable, ces côtés comiques, la présence des personnages à l’écran ou encore la réalisation des images. Mais si le spectateur s’attendait à rentrer dans le réel sujet de la colonisation de l’esclave et du racisme envers les peuples d’Asie et des personnes pratiquant l’islam. Ce n’est pas avec ce film « politiquement correct » qu’il trouvera un vrai questionnement. Le film garde un regard trop occidental de l’histoire de Victoria et Abdul Karim.