• 09/11/2020
  • Aina Humbert

Affaire de peau

Skin (Guy Nattiv, 2018)

Skin est un court métrage américain de 21 minutes réalisé par Guy Nattiv et coécrit par Sharon Maymon. Il a obtenu l'Oscar du meilleur court métrage en 2018. Pendant une vingtaine de minutes nous sommes sous l’effet d’une spirale de haine engendrée par le racisme de Johnny et les membres du group Néo-Nazi provocant le chaos avec une famille afro-américaine, a cause de la couleur de peau. Montrant ansie sa capacité à détruire l’innocence de l’enfant.

Skin signifie «peau». Quelle importance accordez-vous à la couleur de la peau de l'autre? Est-ce vraiment si important? Eh bien, il semble que oui, nous avons là pleines d’atrocités qui ont été commises à travers l'histoire pour cette raison.

La peau est la racine et l'essence de ce court métrage. Dans une partie de l'Amérique profonde, Troy est élevé par ses parents suprémacistes blancs. Le garçon (Jackson Robert Scott), perspicace et intelligent, il reproduit tout ce qu’il voit et entend de son père.

La trivialité de la couleur devient la métaphore qui pénètre inconsciemment l'enfant. Le désordre de déformer la réalité par une haine infondée atteindra également Troy. Lequel il assiste aux horreurs commises par son père et son groupe d’amis apprennent avec eux à manier les armes et est le clair exemple de l'endoctrinement de mineurs. Lui à qui est enseigné la haine, ne pourra seulement haïr pendant toute sa vie.

Quant à Bronny, le jeune Afro-Américain, (Lonnie Chavis) il va être confronté au événement qui changera à tout jamais le cours de son existence en brisant ainsi son innocence. Il assistirá donc à l'abattement de son père par un group de skinheads (Johnny et les autres).

“Fuck the world”

Avec la pensée "Fuck the world!" crie à pleins poumons par Johnny et son groupe skinheads dans son ensemble, se manifeste le désir de désobéissance et de ségrégation, ainsi que le désir de supériorité. Les protagonistes recherchent la confrontation; c'est eux contre le monde, ce sont les blancs contre les noirs. La couleur de peau suppose le désir de montrer qui est le plus fort; c’est à dire qui est le prédateur et qui est la proie.

Le choix dans le court métrage de la palette de couleurs est également pertinent. Dans l'enregistrement entre scènes des skinheads, la luminosité et la clarté de la journée sont choisies, tandis que les tons bleus de l'obscurité de la nuit sont utilisés pour les interactions entre Noirs.

Skin est un court métrage impressionnant en raison des conséquences du groupe et de l'idéologie qu'il montre. La haine ne peut que générer plus de haine et ne présente qu'une seule réponse, la vengeance.

Cependant, la fin est inattendue et dépasse les attentes.