Portrait d'Annick Barbezat-Perrin
Directrice de communication du musée Chaplin’s World (Suisse)
La revue Mégaphone a le plaisir d’avoir pu interviewer à travers ce portrait professionnel : Annick Barbezat-Perrin, directrice de communication au Chaplin’s Word (musée sur Charlie Chaplin à Vevey, CH) depuis l’ouverture du musée en 2016. Elle a partagé avec nous son expérience sur son travail au sein de la structure culturelle.
Annick Barbezat-Perrin a fait des études variées. En effet, elle étudie l’histoire de l’art, le cinéma et le journalisme dans les universités de Lausanne, Fribourg et Neuchâtel. Elle fait ensuite ses débuts dans la communication pour une entreprise d’horlogerie de luxe suisse : Swatch. Cette première expérience lui permet de bâtir ses premières armes avec la marque Blancpain, lui permettant ainsi d’approfondir ses compétences en relationnel, avec le public et la presse, ou encore dans l’événementiel, en organisant par exemple des lancements de produits en Europe et à l’international.
Cette expérience est très formatrice pour elle, qui en profite pour explorer d’autres horizons. Après cinq ans au sein de l’entreprise, elle change de voie pour se diriger vers un poste de responsable à la EHL (École Hôtelière de Lausanne). Cet emploi débouche, de nouveau cinq ans plus tard, vers un autre poste dans la même structure, celui de directrice marketing et communication qu’elle occupe pendant 2 ans. Durant ces deux années, elle gère de nombreuses tâches, notamment celle de la direction d’une équipe qui s’occupe de la communication en interne et en externe de la gestion des crises qui touchent l’établissement scolaire.
Ses enfants encore en bas âge, Annick Barbezat-Perrin décide de prendre une pause dans sa carrière professionnelle afin de se concentrer sur sa vie familiale. Lorsqu’elle décide de reprendre le travail, elle trouve un emploi de directrice administrative au sein d’un musée d’art et d’archéologique à temps partiel, lui permettant ainsi de garder un pied dans le monde du travail.
Mais en 2015, elle décide de donner un coup d’accélérateur à sa carrière. Elle envoie une candidature spontanée à l’initiateur du projet du Chaplin’s World qui doit aboutir un an plus tard. Contre toute attente, elle obtient le poste de directrice de communication lors de l’ouverture du musée en 2016.
Aujourd’hui son travail reste principalement d’entretenir de bonnes relations avec la presse, mais aussi d’organiser la programmation événementielle du lieu, qui varie entre des événements à la fois grand public, dans un cadre plus familial, et des expositions temporaires qui s’adressent à un public plus adulte. Au cours de ces dernières années, le Chaplin’s World a mis en place différentes rencontres avec le public, comme par exemple des concerts ou encore des projections des films de Charlie Chaplin.
Annick Barbezat-Perrin est également membre du conseil de la fondation du Musée Charlie Chaplin, fondation créée en 2001 dans le but de faire vivre le patrimoine de l’illustre artiste à sa mort.
Les fondateurs et les agents oeuvrent ensemble à la bonne organisation des nombreux évènements. C’est toujours une opportunité pour la directrice communication d’échanger sur les différents angles de la carrière de Chaplin. « C’est quand même un génie à presque 360° entre la réalisation de ses films, la composition de ses musiques, et son jeu d’acteur. Il y a tellement de sujets qu’on peut évoquer à travers à la fois l’homme et l’artiste qu’il était. Son oeuvre est tellement riche, il y a des dates importantes et intéressantes que l’on peut mobiliser sur des sujets très forts. » : nous partage Annick Barbezat-Perrin, impressionnée
Actuellement les quatre-vingts ans du célèbre film de Chaplin Le Dictateur sont célébrés au musée, et toute une campagne promotionnelle a été lancée autour de cet événement. Le film a été projeté le 15 octobre 2020 au musée, jour de la sortie du film en 1940, et le projet #LETUSALLUNITE (Let Us All Unite) a découlé de cet anniversaire. Un site spécial a même été créé pour l’évènement : https://letusallunite.world. Le concept est simple, il suffit de s’habiller en « Charlot » et former avec son corps une lettre de l’alphabet, se prendre en photo et partager celle-ci sur le site. Les participations seront ensuite utilisées pour former une version humaine du discours final du film. De plus, cette recomposition du discours du dictateur sera imprimée sur une immense banderole et disponible à Vevey jusqu’en Avril 2021.
Pour promouvoir cette actualité, Annick Barbezat-Perrin a plusieurs cordes à son arc. Elle utilise certains vecteurs digitaux, tels que les réseaux sociaux, notamment Instagram, Facebook et Twitter, qui deviennent alors des piliers quant à la diffusion d’informations. Pour #LETUSALLUNITE, le Chaplin’s World s’est associé avec Amnesty International et NonViolence Project Foundation, qui aident à amplifier la démarche en apportant un soutien et une renommée à l’événement, qui a pour but de partager un message d’espoir. Les deux partenaires aident le musée a bénéficié de données importantes, surtout sur le point financier, car faute de moyens, certains projets ne seraient pas réalisables pour le Chaplin’s World.
« On n'a pas encore réalisé le film publicitaire de nos rêves sur le Chaplin’s World, on se met soi-même forcément sous pression. C'est vrai que si on veut bien faire, il faut aussi pouvoir s’entourer de très bonnes équipes et souvent ça coûte très cher. » : nous confie Annick Barbezat-Perrin.
Avec la crise sanitaire, le manoir de Charlie Chaplin a dû être en pause jusqu’au 30 novembre 2020. Des musées de très grande envergure n’ont pas résisté à l’appel des visites virtuelles pour les clients confinés mais pas le Chaplin’s World.
« Cela ne serait pas forcément une priorité pour moi parce que l'objectif reste avant tout de faire venir le public sur place. Il y a des choses qu'on ne pourrait jamais faire passer à l’image, qui ne pourraient jamais devenir virtuelle. Bien sûr que pouvoir zoomer sur une peinture de Rembrandt, pour aller y voir un détail c’est extraordinaire ! A Chaplin’s World, je dirais que lorsqu’ on entre dans le manoir, il y a quand même certaines choses qui seraient compliquées à voir de la même manière qu’une visite virtuelle. C'est un peu cet effet “cathédrale” qui est tellement particulier, comme quand on rentre dans un lieu qui est chargé d’histoire de vie. » : s’exclame Annick Barbezat-Perrin.
Ce n’est pas un simple musée qu’on visite en se rendant au Chaplin’s World, il faut vivre l’excursion comme une expérience unique en son genre. Le site est divisé en deux structures, il encourage les visiteurs à s’amuser et à être créatif. La première structure est consacrée au cinéma. On y retrouve des studios interactifs, les décors de certains films de Chaplin sont mis à disposition, des spectateurs peuvent jouer ou rejouer certaines scènes mythiques. La seconde structure quant à elle, est axée sur la vie intime de la star du cinéma burlesque dans sa manoir. Ce dernier fût la dernière demeure de l’artiste, et l’âme de Chaplin y imprègne les murs. À travers des photos et des souvenirs, nous sommes transportés au coeur de son existence d’homme et de cinéaste. Des vitrines mettent en avant des trésors historiques, on peut y observer des costumes ou encore le premier contrat que Chaplin a signé avec le cinéma.
Le lieu a beau être un musée : « Ce n’est pas du tout un mausolée, c'est un lieu vivant, un lieu de rire, de vie, de musique et de son. C'est un lieu où l’on s'amuse, où l’on joue avec le corps, comme Chaplin le faisait, puisqu'il était vraiment l’as de la pantomime. On joue aussi avec nos visiteurs comme les visiteurs jouent avec le site. » Se réjouit Annick Barbezat-Perrin.
Le Chaplin’s World est un coup de coeur pour notre groupe. C’est un pèlerinage que chaque étudiant de cinéma doit faire ; pour mieux comprendre la vie de Chaplin. Il est une des références du septième art, avec ses films d’une modernité absolument phénoménale. On ne peut que s’amuser de voir à quel point le parallèle entre l’époque et l’actualité est flagrant.
L’échange avec Annick Barbezat-Perrin fût extrêmement enrichissant, car c’est une femme passionnée qui aime son métier. Elle a su saisir les opportunités qui s’offraient à elle tout au long de son parcours professionnel, et n’a pas hésité à explorer de nouveaux horizons. À l’image de son métier de directrice de communication, elle se veut disponible. Tenant toujours à travailler en partenariat, elle tire le meilleur des collaborations et des relations professionnelles mais également humaines. Nous avons été très heureuses d’avoir pu échanger avec Madame Barbezat-Perrin, qui donnera, on l’espère, une folle envie à nos lecteurs de découvrir le Chaplin’s World.