Motion votée en CAC de l’université Paul-Valéry Montpellier 3
mardi 14 novembre 2017Universités : comment faire du « sur mesure » quand on peine, faute de moyens, à assurer le « prêt-à-porter » ?
Le Conseil Académique de l’université Paul-Valéry Montpellier 3, réuni le 14 novembre 2017, a pris connaissance du projet de loi relatif à l’orientation et à la réussite des étudiant-es.
Les universités ont à cœur d’accompagner, de former et de favoriser la réussite du plus grand nombre.
Mais pour atteindre cet objectif, il faut des moyens.
Or les fonds débloqués pour le quinquennat, 500 M€, correspondent à ce qu’il faudrait investir chaque année pour seulement maintenir les conditions d’encadrement actuelles. Avec ce projet de loi sur l’accès au 1er cycle, le gouvernement choisit le sous-investissement et la sélection généralisée.L’injonction faite aux universités de proposer du « sur mesure » à chaque étudiant-e afin de favoriser sa réussite ne peut se concevoir sans un financement beaucoup plus important que celui envisagé pour le moment. Comment les universités pourraient-elles mettre en place cette politique de « sur mesure » alors qu’elles peinent, faute de moyens, à assurer des formations « prêt-à-porter » ? Alors que 6 milliards d’euros partent vers les entreprises en crédit impôt recherche d’un côté, et que de l’autre, le gouvernement continue de dépenser trois fois plus par élève de CGPE que par étudiant-e, l’on demande l’impossible aux universités chroniquement sous-dotées depuis les RCE.
L’affichage des « attendus » requis pour avoir accès à une formation semble totalement irréaliste si cette politique ne s’accompagne pas des moyens nécessaires pour mettre en place des parcours de remédiation qui permettent à chacun de suivre la formation de son choix. En mettant en place ces « attendus » sans accorder de moyens suffisants aux universités, le ministère s’apprête en réalité à mettre en œuvre une sélection qui ne dit pas son nom.
Comment le ministère compte-t-il faire assurer la quantité de travail supplémentaire considérable, estimé à 3000 ETP, que supposent l’examen de tous les dossiers des bacheliers ainsi qu’un accompagnement de plus en plus individuel, par des personnels des universités déjà en sous-effectif pour remplir les missions qui leur sont déjà confiées ?
Derrière l’affichage d’une volonté d’amélioration de la réussite des étudiants en licence, sous couvert d’une supposée personnalisation, c’est un changement complet de la politique d’accès des bacheliers à l’enseignement supérieur qui est organisé. C’est un recul, et non un progrès social.
Le CAC de l’université Paul-Valéry Montpellier 3 appelle donc à un investissement massif dans l’université, dans un contexte où il est de plus en plus vital que chaque jeune puisse avoir accès au savoir et à la formation, sur tout le territoire.
Motion Snesup