Lumière

Identity est un film de James Mangold qui contient de nombreuses similitudes avec le roman d'Agatha Christie paru en novembre 1940, Il était une fois. Dans celui-ci, dix protagonistes se retrouvent sur une île déserte et meurent tour à tour. À son tour, le film suit dix personnes bloquées dans un motel à cause d'un orage. Dès le premier meurtre, un compte à rebours se déclenche et les protagonistes se font assassiner l'un après l'autre.

Identity est le cinquième film de James Mangold, après des drames et des comédies romantiques, il décide d'opter pour le thriller, où suspense et tension sont au premier plan. Il est nominé dans deux catégories, le Saturn Award du meilleur thriller et le prix Bram Stoker du Meilleur scénario, mais il repartira les mains vides. Le film se déroule dans une ambiance tendant vers le thriller, mais aussi vers le genre de l'horreur, pourtant le scénario parfois grotesque nous sortira régulièrement du réel.

Identity est construit de façon à ce que le spectateur enquête avec les personnages. La scène d'ouverture se déroule dans un tribunal ou à lieu l'audience de Malcolm Rivers. Des gros plans sur des pièces à convictions nous mettent dans l'ambiance du thriller. Autour d'une grande table, les juges et la défense discutent, le juge ne veut pas changer d'avis et veut exécuter Malcolm pour les crimes qu'il a commis. Pendant cette conversation, l'avocat explique au juge qu'il souhaite faire appel pour plaider la folie avec l'appui d'un spécialiste. L'ambiance est tamisée, la caméra se place autour de la table pour assister au débat entre les juges, l'avocat et le docteur. Un flash-back nous téléporte dans le motel où de nombreux crimes vont se produire, c'est assez intéressant parce qu'à ce moment-là, le spectateur connaît l'identité du meurtrier, mais n'a jamais vu son visage.

Ainsi, le film alterne entre retours dans le présent et retour dans le passé, nous encourageant ainsi à être impliqué dans la recherche d'un visage à attribuer au meurtrier. De plus, les plans rapprochés sur les différentes personnes du procès nous immergent dans l'ambiance de l'audience, nous sommes au même niveau que les protagonistes, un choix de placement immersif qui augmente l'enjeu du procès.

C'est dans le passé que nous découvrons les dix personnages, quatre flash-back nous expliquent comment les protagonistes, qui ne se connaissaient pas, se sont rencontrés. Dès lors, le film vacille entre l'audience et le motel ou les ambiances sont drastiquement différentes, l'atmosphère du motel est très angoissante, cette fois, c'est la caméra mobile qui nous immerge dans l'action également. L'univers est globalement plus horrifique, ses tons sombres et la présence du serial killer lui donne même une ressemblance avec le slasher, un sous-genre de l'horreur dans lequel un tueur élimine les personnages à tour de rôle. Les changements de lieux nous permettent peu à peu d'avoir des informations sur le meurtrier, au compte-gouttes pour que le suspens soit maintenu.

Certains plans rappellent l'esthétique visuelle et l'ambiance sonore des gialli de Dario Argento.

En revanche, lors de ces scènes, la suite des événements est un peu improbable. Par exemple, au début du film, une chaussure à talon s'envole et crève le pneu de la voiture d'une famille présente dans le motel. Puis, plusieurs fois dans le film des coïncidences de ce type auront lieu et enlèveront un aspect réaliste au scénario ou bien, cet aspect grotesque est un parti-pris du réalisateur ? Ce choix est peut-être un parti-pris du réalisateur pour se rapprocher du genre horrifique et faire avancer son histoire. D'ailleurs, lorsque le premier meurtre à lieu, le tueur est hors-champ, une musique angoissante démarre quand il est proche de sa victime. Cette série de plans nous rappelle l'esthétique visuelle et l'ambiance sonore des gialli de Dario Argento. Le visage du tueur n'est dévoilé dans aucun des meurtres, James Mangold nous met au défi de trouver son identité.

Et vous, arriverez-vous à trouver le tueur ?

Mathilde Duvanel