Un film de super-héros qui ne convainc pas
Madame Web (S. J. Clarkson, 2024)

Les films de super-héros font partie d'un genre qui excelle dans l'adaptation de personnages connus du grand public, comme Batman ou Spider-Man, dont les succès respectifs vont déclencher chez les studios le projet de les adapter au cinéma. Mais au fil des années, les films super-héroïques sont perçus comme étant du pur divertissement et non de l'art cinématographique, à part certains réalisateurs comme James Gunn et Christopher Nolan qui ont essayé de respecter le matériel de base, à savoir les bandes dessinées, tout en proposant quelque chose de neuf et profondément humain. Mais d'un autre coté et dans la plupart des cas le but est de rapporter le plus de profits possibles avec des résultats au box-office sans se soucier du scénario qui leurs sont donnés. Et malheureusement Madame Web ne fait pas exception et peine à satisfaire le public à cause de son histoire mal expliqué et de son atmosphère imparfaite.
Madame Web est un mauvais film, plus destiné à la télévision qu'au grand écran , qui échoue à raconter une histoire cohérente malgré ses intentions de base. On peut l'évaluer comme étant un navet, voire un film inregardable. Dakota Johnson ne parvient pas à gagner le coeur des spectateurs avec sa performance avec ce script très moyen qu'on lui a donné. Le personnage principal en lui-même est une pauvre copie de 3 personnages Marvel existants, à savoir Légion pour le coté troubles mentaux, Jessica Jones pour son esthétique très terre-à-terre et son féminisme et Dr Strange pour son background médical et sa relation aux univers interconnectés qui est très mal exposée. Même si le film devait être un début de franchise au départ, il y a des changements de perspective assez déstabilisants de l'héroïne principal au personnages secondaires, particulièrement les 3 personnages féminins, qui manquent cruellement de profondeur et de crédibilité.
Le film parle de la traque de 3 jeunes filles par un individu paranoïaque qui est doté de super-pouvoirs arachnides. Ces filles sont « secourues » par une femme venant de nulle part, comme étant une figure d'ange gardienne. C'est le point principal du film et le résultat n'est pas fameux, nous avons des personnages vides, avec une caractérisation quasi-inexistante donc le seul point important est qu'elles sont l'adaptation de personnages appréciés du public. On peut aussi remarquer que chaque fille possède un cliché particulier qu'on peut retrouver dans plusieurs films et séries, nous avons la lycéenne blanche bien sur tous rapports, l'hispanique intello et solitaire qui souffre d'un problème de déportation dans sa famille et la rebelle afro-américaine que ne fait rien d'autre que transgresser les règles juste pour provoquer les personnages et le public. Les actrices (Sydney Sweeney, Isabela Merced, et Céleste O'connor) essayent tant bien que mal de jouer leurs personnages de façon naturelle, malgré le mauvais scénario qu'on leur a donnés.
Tahar Rahim rejoint le panthéon des mauvais personnages Marvel pour son interprétation du méchant principal, le personnage est un mauvais hommage aux autres méchants Marvel, a savoir aucune motivation, et le plus important, il peine à le rendre différent des autres méchants de façon impactante. Ses motivations, sa progression dans l'intégration et ses interactions avec les autre personnages tombent à plat, on peut penser un peu à Terminator avec T-800 et Sarah Connor dans le sens où la réalisatrice veut rendre hommage au film de James Cameron en ajoutant un aspect super-héroïque avec scènes d'explosion a gros budgets et costumes en latex mais qui fonctionnent très mal à l'écran. Il est fait aussi une allusion déplacée à Spider-Man concernant ses costumes et ses pouvoirs qui sont inintéressants au possible.
Le film possède quelques plans intéressants qui concerne le personnage de Dakota Johnson, par exemple, on la voit monter dans le métro pour se rendre à l'enterrement de son supérieur, et dès lors qu'elle voit les trois filles monter à leur tour, elle ressent des prémonitions assez violentes concernant leurs morts. Ce qui intéressant, c'est que l'image est « fissurée » pendant ces plans de meurtres, qui montre l'aspect brisé du personnage après son accident mais aussi une allusion au comics qu'elle va embrasser dans le futur. Mais elle montre une facette assez confuse où le personnage est persuadé qu'elle perd l'esprit, ce qui rend perplexe les spectateurs mais aussi nuit à la narration en elle-même.
Une autre scène plus tard dans le film où Cassie se rend en Amazonie pour chercher des réponses aux évènements, relate son questionnement par rapport à son passé enfoui qui refait surface, la relation ambiguë que le méchant principal entretient avec sa mère et enfin sur sa potentiel destinée pour l'avenir. La séquence est une pâle copie d'une séquence de Doctor Strange, qui essaye de transporter les spectateurs dans une sorte de rollercoaster qui met en avant la pensée humaine de Cassie et sur ses nombreuses aptitudes qui sont enfouies en elle . Mais qui se termine par une conclusion assez étrange par la façon dont la caméra change tous les trois secondes en plans verticaux, et l'aspect psychologique de la scène s'adoucie très rapidement pour faire place à un aspect super-héroïque très répété et donc pas très originale.
Pour conclure, Madame Web aurait pu être un bon divertissement de super-héros assez sympathique avec un scénario simple, solide et des personnages crédibles et attachants mais qui finit par devenir une oeuvre bancale et profondément oubliable, rejoignant la catégorie des mauvais films aux multiples défauts laissant un maigre impact sur les spectateurs et sur la critique. Mais elle montre également que les films ,pas seulement les films de superhéros, peuvent être mieux traités, de manière cohérente et explicite , tout en permettant de nous identifier à nos personnages préférés et d'amener une note positive dans l'engouement pour un récit.
Louis Rittersheim