Xavier Dolan en circuit fermé

Matthias et Maxime (Xavier Dolan, 2019)

  • 07/11/2019
  • Louise Gagnaire

Peu de temps après l’échec critique de Ma vie avec John F. Donovan (2018), Xavier Dolan sort un nouveau film, présenté cette année à Cannes : Matthias et Maxime. On y retrouve le Québec (un peu moins doré que dans ses précédents films à domicile), Dolan lui-même en tant qu’acteur, et une Anne Dorval méconnaissable qui, après J’ai tué ma mère et Mommy, incarne de nouveau la mère des personnages principaux. On y retrouve aussi ses thèmes de prédilection : la naissance et l’exploration du désir amoureux, les relations mère-fils…

Mais quelque chose dans le ton a changé. Dolan affirme avoir eu besoin d’un retour aux sources après ses frustrations hollywoodiennes. À l’échelle de sa filmographie, celui-ci ressemble cependant plutôt à un renouveau. En effet, bien qu’il y ait toujours des images léchées, la caméra est plus agitée – rappelant celle de Tom à la ferme. Les cadres sont moins symétriques, moins fouillés, la mise en scène simplifiée, tout comme la bande originale qui, bien que toujours aussi finement choisie, s’avère beaucoup moins présente que dans ses précédents films.

On ressort de Matthias et Maxime avec l’impression de n’avoir rien vu d’essentiel, que tout s’est joué hors champ, pendant le temps du récit mais aussi avant et après celui-ci. Les dialogues sont toujours aussi jubilatoires, mais le propos se révèle un peu gratuit, bien moins universel que celui des créations antérieures de Dolan.

Le spectateur n’est pas véritablement admis dans ce cercle privé.

Ce film fait l’effet d’un véritable repli sur soi, et ce n’est sans doute pas un hasard. Dolan convoque ses amis, comédiens et techniciens (on remarque notamment que le chef opérateur Yves Bélanger, remercié spécialement au générique, est « seulement » cadreur, probablement par amitié). Au final, le spectateur n’est pas véritablement admis dans ce cercle privé : il n’a pas accès individuellement aux personnages, alors que la composition en fresque donnait envie d’en savoir plus. Un poil frustrant, donc !