Arthur, étudiant en philosophie

Plaisirs des retrouvailles et de la redécouverte

  • 05/12/2019
  • Nancy Reynolds-Allison


Quel film pourrais-tu regarder en boucle sans t’en lasser ? Pour quelles raisons ?

Scott Pilgrim vs. the World (2010), parce que je trouve qu’Edgar Wright a réussi à faire une adaptation vraiment très réussie, autant sur le fond que sur la forme. Déjà, formellement, on a une profusion de plans qui restent toujours à découvrir, même après un nombre incalculable de visionnages. Et étant donné que l’état d’esprit dans lequel on se trouve évolue à chaque séance, on peut toujours remarquer de nouveaux détails et de nouvelles façons de percevoir le montage, et ainsi mieux comprendre le film. J’ai vraiment l’impression que c’est un puits sans fond. Le fond, d’ailleurs, est particulièrement intéressant : je trouve que le film explore un nombre incroyable d’aspects relationnels, des vies de couple, des amitiés… On suit un type qui est perdu dans sa vie, qui essaye de s’en sortir ; les personnages sont tous différents, ils ont une psychologie si particulière qu’on est obligé de se projeter sur l’un ou l’autre selon notre humeur. Une fois ce sera le grand méchant, une autre Scott (le protagoniste), une autre Knives (sa petite amie)… Il y a toujours quelque chose qui nous raccroche aux personnages et à leur psychologie, ce qui fait que chaque visionnage est entièrement nouveau. Je peux le regarder en boucle sans m’en lasser : chaque fois, j’ai l’impression de regarder un nouveau film.

Quel est le film qui te rend le plus nostalgique ? Pourquoi ?

Kiki la petite sorcière d’Hayao Miyazaki (1989). Premièrement, parce que c’est un film que je regarde souvent avec mes parents ou avec ma sœur. C’est un moment que je peux partager avec elle, qui me rappelle systématiquement des épisodes assez doux que nous avons vécus ensemble. Et je trouve que le film en lui-même a quelque chose de nostalgique, dans le départ familial et la formation d’une jeune fille qui décide de tout plaquer, de mener sa vie comme elle l’entend, de poursuivre ses rêves d’accomplissement. C’est vraiment un film d’apprentissage, qui aborde une vie très normale avec ses hauts et ses bas. La nostalgie est d’autant plus présente quand Kiki n’arrive plus à utiliser ses pouvoirs et se met à déprimer. J’aime voir son état d’esprit, sa façon de se relever, de combattre et finalement de reprendre confiance en elle, de trouver un domaine dans lequel elle excelle. J’aime aussi la relation qu’elle entretient avec la grand-mère ; je trouve ces moments-là très beaux. Tout le passage où elle prépare la tarte, ce qui prend une après-midi entière et entraîne un tas de problèmes : tu la vois trimer, donner de son temps et de sa personne pour les autres. Ce genre d’acte de pure gentillesse me touche beaucoup. Notamment le moment terrible où Kiki offre la « tarte au poisson » à la petite fille de la grand-mère, qui a l’air vraiment dégoûtée ! (Rires) Même les relations de Kiki avec le garçon passionné d’aviation témoignent d’un partage d’émotions et en même temps d’une introspection particulièrement touchante. À la fin du film, je me sens totalement apaisé… Et nostalgique, aussi. C’est un film qui éveille en moi des tas de souvenirs.