Méandres photographiques
Entretien avec Inès Guillemot (photographe, étudiante de L3)
Exposition « Mise en scène de la vie quotidienne », Gazette Café, Montpellier
Tu n’as essayé qu’une fois tu m’agaces.
Mais parce que je le sais Baptiste, puisque c’est ce que je ressens au plus profond de mon être.
Ne me la fais pas à l’envers.
Rester assise, dans un amphithéâtre, devant un professeur qui parle…
Tu sais que Monsieur Campion se rappelle de toi ?
Il se rappelle de moi ? Il t’a dit quoi ?
Je lui ai dit que je voulais faire l’interview d’une amie, pour son exposition photo. Puis je lui ai dit « vous l’avez eue en cours sur Jean Epstein ». Il me demande qui est cette personne, je lui donne ton nom, et il me dit « mais oui, Inès, elle faisait partie des gens qui faisaient vivre le cours ». Il a aussi dit « je me souviens qu’elle avait bien réussi son dossier »…
Et pourquoi ? Parce que ça me parlait et parce que ça me passionnait, donc forcément je réussis puisque ça me dit quelque chose. C’est facile de réussir quand ça te parle. Mais les enjeux économiques du blockbuster, en trois exemples, et en s’appuyant sur des termes précis, ça ne me parle absolument pas…
Comment tu en es venue à faire une exposition comme ça ? Comment on en arrive là ?
J’ai commencé à travailler ici en octobre, du coup j’ai pris connaissance du lieu, et je savais qu’il y avait des expositions qui se faisaient, qui tournaient tous les mois. Avec Emma, la programmatrice, on a parlé de ça et je lui ai montré mes photos. Je lui ai dit « j’aimerais bien faire une exposition, comment ça se passe ? » et elle m’a dit « j’aimerais bien voir ton travail et on en discutera après », parce que ça dépend de ce que je fais. Elle a bien aimé et elle m’a envoyé directement la date, donc ça a quand même pris longtemps, je l’ai acté en décembre je pense, donc ça m’a laissé le temps de le préparer. Elle m’a envoyé tous les éléments de communication et j’avais l’impression que c’était quelque chose d’énorme, alors qu’en vrai ce n’est pas très compliqué ; tu achètes des cadres, tu imprimes des photos et tu trouves un titre. Mais moi je m’étais vraiment mise dans la tête que ce serait énorme, super compliqué, quelque chose avec une trame alors qu’en soi non, les photos témoignent déjà toutes seules. Si tu les imbriques bien, si tu rassembles certaines photos ensemble, ça fait ton sujet. J’ai seulement repris le titre d’un livre qui parlait du fait que nous-mêmes on se met en scène tous les jours sans s’en rendre compte. Je ne l’ai pas pris de ce point vue-là, du point de vue sociologique, je l’ai juste pris parce que ça marchait vraiment bien avec ce que je faisais, mais… il y avait aussi, j’avoue, un peu de sociologie derrière, parce que forcément tout est mis en scène.
Le saut, La Grande-Motte, 2021 (@inesgltttt - Instagram)
Il y a une anecdote que j’ai envie de te raconter. J’étais allé à l’avant-première d’un film, Riposte féministe, de réalisateurs qui se nomment Marie Perennès et Simon Depardon. Et dans la salle il y avait son père, Raymond Depardon, qui se baladait en prenant des photos un peu partout. Il était là, debout, à côté de moi, il allait et venait. Et ça m’a fait penser à une phrase de Henri Cartier-Bresson, qui dit « vous n’avez qu’à vivre et la vie vous donnera des images ». Où est-ce que, toi, tu te situes par rapport à cette phrase ?
Moi je l’entends dans le sens où c’est toi le créateur, c’est toi le créateur donc forcément c’est toi qui décides de ce que tu as envie de voir. Si tu décides de ne pas avoir de vie, peut-être que, des images, tu n’en verras jamais.
C’est quoi ne pas avoir de vie ?
C’est ne pas prêter attention. Après ce n’est pas une critique, il faut de tout, il y a ceux qui regardent, il y a ceux qui prennent en photo, il y a ceux qui jouent, il y a ceux qui filment, c’est juste que tout ça crée quelque chose. Il y a une phrase de Bazin, « Ce reflet dans le trottoir mouillé, ce geste d’un enfant, il ne dépendait pas de moi de les distinguer dans le tissu du monde extérieur ; seule l’impassibilité de l’objectif, en dépouillant l’objet des habitudes et des préjugés, de toute la crasse spirituelle dont l’enrobait ma perception, pouvait la rendre vierge à mon attention et partant à mon amour. Sur la photographie, image naturelle d’un monde que nous ne savions ou ne pouvions voir, la nature enfin fait plus qu’imiter l’art : elle imite l’artiste ».
J’avais cité cette phrase dans un dossier sur Jean Epstein…
Toute la phrase ?
Seulement un fragment je crois, j’aime beaucoup André Bazin. Tu dis qu’il y en a qui regardent et d’autres qui photographient, mais est-ce que photographier c’est regarder ?
Oui, tu ne peux pas sinon.
Ou est-ce qu’on photographie et on regarde après ?
Non, on regarde quand on photographie, enfin moi quand je prends une photo je sais ce que je vois dans le cadre et je crée l’image. Tu es là, face à moi, je ne vais peut-être pas te cadrer face à moi parce que j’ai peut-être envie de t’avoir sur le côté gauche, ou le côté droit. En fait c’est toi qui fais l’image, mais il nous faut regarder, petit clin d’œil à Jacques Brel.
La chose qui m’a frappé la première fois que j’ai vu tes photographies, c’est la grande présence des corps. À part une photo que tu as prise à Majorque en juin 2022, il n’y a que des corps dans tes photos.
C’est vrai.
Comment tu expliquerais cette relation aux corps dans tes photographies ?
C’est difficile, mais c’est une bonne question, parce que j’avoue que je n’ai jamais réussi à être exaltée, inspirée, par un paysage. Je trouve ça beau, je trouve que des photographes le rendent très bien, mais je n’y arrive pas. Alors peut-être qu’au fond ça traduit comment je suis, c’est aussi une approche. C’est-à-dire que tu prends les gens en photo et puis tu as quelque chose… enfin je ne sais pas comment l’expliquer. Tous les jours je me balade et tous les jours je cherche chez les gens, je ne cherche pas l’endroit, je cherche les personnages, les scènes, et, bien sûr, parfois il se passe des choses quand je n’ai pas mon appareil photo. Et là c’est la plus grande frustration, j’ai trouvé, de toute ma vie. J’ai encore en image des photos que je n’ai pas réussi à prendre parce que je n’ai pas été assez rapide, ou parce que c’était vraiment trop rapide. Le temps que je lève mon appareil c’était déjà parti. Et là j’ai eu la frustration, et le « j’y retournerai demain et demain je referai la même chose et je vais réussir », parce que la photographie c’est affaire de rapidité, précision, cadrage et réactivité surtout.
La dernière fois je me suis baladée à Sète, il y avait un énorme immeuble, mais vraiment énorme, j’étais tout en bas. En fait il y a une dame qui est sortie sur le balcon, et le balcon était au milieu, donc c’était hyper géométrique, hyper droit. Ça faisait vraiment scène de film, elle est sortie en peignoir avec une cigarette et puis elle parlait à quelqu’un, posée sur la rambarde. Du coup j’ai pris mon appareil, je regardais l’ouverture, je n’étais pas prête, et elle est partie. Je suis restée quinze minutes, vingt minutes, j’ai fait un tour dans Sète, je suis revenue devant et elle n’est jamais revenue. J’ai l’image dans ma tête et je suis frustrée. Ou alors j’ai posté une image d’un couple, Quai de la Résistance, avec l’ombre, l’angle. Eh bien cette photo je pensais l’avoir prise au moment parfait et… non puisqu’ils ne s’embrassent pas sur la photo, ils finissent de s’embrasser, donc on les voit très près. Ça aussi c’est une frustration de me dire « j’ai loupé », parce que c’est tout dans la seconde. C’est tu l’as ou tu ne l’as pas. C’est que je n’ai pas été là et l’image ne se repassera jamais. Alors peut-être qu’elle se reproduira mais elle ne sera pas comme je l’ai vu la première fois.
Après j’essaie de me rendre à l’évidence, je me dis que voilà c’est comme ça. Par exemple j’ai pris Chiara [Ciriani, étudiante et amie d’Inès] en photo, et on fait nos trente-six photos, il y a un moment où c’est extra, je suis persuadée du résultat, je rembobine la pellicule, sachant que je prends toujours la même pellicule, c’est une Ilford HP5 Plus 400, donc forcément mon appareil ne bouge jamais puisqu’il est toujours paramétré à 400 ISO. Et là je rembobine la pellicule et je vois 200. Je me dis « non, c’est pas possible, je n’ai pas mis une pellicule de 400 et réglé sur 200 ? ». Donc là j’attends, je reçois les photos bientôt, et j’espère que je n’ai pas fait ça. Parce que là aussi manque de professionnalisme et de droiture, ça veut dire que j’ai peut-être loupé toute ma pellicule.
Mais est-ce que le raté n’est pas beau justement ?
Mais non parce que la mécanique… si tu ne fais pas les bons réglages tu n’auras pas les bons résultats. Alors peut-être surprise, mais ça m’étonnerait qu’une pellicule réglée à 400, si tu la mets à 200, que ce soit… parce que c’est quand même précis, et moi qui n’aime pas les chiffres ce jeu me plaît.
Parlons de ton titre, « Mise en scène de la vie quotidienne ». Au moment de ta prise photographique, où se situe la mise en scène et où se situe la vie quotidienne ?
Ah la vie quotidienne se passe en face de moi, et la mise en scène se situe dans mon appareil. En soi c’est un peu une question double, parce que la mise en scène peut très bien se trouver devant moi sans que je n'aie à regarder à travers le prisme de mon appareil. Je vais prendre l’exemple des « Catalans » : ce garçon qui regarde cet homme qui plonge et puis les gens sur le ponton. J’aurais pu choisir de ne pas cadrer le garçon, en plus je ne me rappelle absolument pas ce moment-là, elle date de 2019 cette photo, elle est vieille et puis je n’avais encore aiguisé comme j’ai l’impression d’avoir aiguisé mon œil à présent. Mais je me dis que si je n’avais pas cadré cet homme à côté qui regarde avec sa serviette, la photo pouvait dire tout autre chose. Donc c’est pour ça « mise en scène », parce que c’est moi qui choisis ce que j’inclus dans le cadre, si ça se trouve j’aurais très bien pu ne pas prendre cet homme en train de sauter, juste les gens qui regardent.
Le ponton des Catalans, Marseille, 2019 (@inesgltttt - Instagram)
Est-ce qu’on peut parler, dans tes photos, de mise en scène en tant que tu donnerais des consignes de posture ?
C’est vrai, peut-être qu’il y a un petit leurre. Dans cette exposition pratiquement toutes les photos sont prises sans que le protagoniste ne le sache, et il y en a deux qui ont été créées, pour le coup, parce qu’il n’était pas en train de sauter, c’est nous qui avons trouvé l’idée (Le saut). Après c’est une mise en scène mais il y a quand même une action qui a été faite par lui, je veux dire qu’il aurait pu sauter d’une autre manière, il a sauté comme lui l’entendait. Si tu veux, cette photo des deux (Oyats et ciel), j’ai créé mon image mais ce sont eux qui ont pris place dans le cadre. Lui est assis parce que ça rendait bien mais c’est sa personne à lui, donc c’est lui qui a créé un cadre. En tout cas c’était la première fois que je prenais deux personnes en même temps. J’ai l’habitude de prendre une personne et lui consacrer une séance, mais là c’était deux, j’ai eu un peu peur, j’appréhendais parce que je me disais, à gérer, ce n’est peut-être pas pareil, mais en fait ça marchait bien, et puis ce sont des amis. Mais pour revenir à la question, c’est une mise en scène qui est quand même plus dictée, mais ils y participent aussi. Il y a trop de petites choses qui font que la photo existe, ce n’est pas que moi, et l’appareil.
Oyats et ciel, La Grande-Motte, 2021 (@inesgltttt - Instagram)
On va parler de cinéma, de quelqu’un que tu aimes bien.
Qui est ?
Tu aimes beaucoup, si je ne me trompe pas, le cinéma de François Truffaut.
Oui ! J’aime bien.
Il y aurait, dans son cinéma, des éléments ou des valeurs esthétiques qui agiraient comme influence sur toi ?
Ah oui je pense que ça m’a déjà influencée. Je ne sais pas, le film Les Quatre Cents Coups, par exemple, est un film en noir en blanc, mais en fait il y a quelque chose d’extrêmement libre dans ce cinéma, quelque chose qui me parle, c’est fou qu’il me parle plus que des films que je trouve très bien faits mais… enfin je ne sais pas, comment il filme, je pense que ça m’a quand même conduite à… enfin la mise en scène et puis le laisser vivre. Parce qu’en soi j’ai l’impression que lui aussi a dû quand même construire une trame, mais après il a laissé place à ce qui se déroulait sur le moment, c’est-à-dire qu’il est parti avec quelque chose, ou peut-être pas d’ailleurs, mais si quand même peut-être qu’il est parti avec une histoire, l’envie de filmer un enfant, juste l’enfance. Et justement en faisant ça il le reproduit très bien, parce qu’il ne s’impose pas lui, il laisse Jean-Pierre Léaud faire ce dont il a envie et c’est ça qui rend le film magique, parce qu’il y a une poésie toute seule. En fait il a usé de l’intelligence et la pratique d’un adulte, il a mis ses qualités peut-être au profit d’un enfant pour montrer la vie d’un enfant à tous les adultes, donc c’est ça qui est fort, et ça c’est de la mise en scène de la vie quotidienne : c’est donner la parole à ce que tu vois pour la montrer à d’autres personnes, pour dire que ça existe, et ça c’est trop bien ! Puis après ça émeut ou ça n’émeut pas. J’ai une grande passion pour le cinéma français, je ne sais pas pourquoi.
Il y a une question que j’ai envie de te poser : considères-tu que l’art puisse s’enseigner dans un cadre universitaire ?
Là je vais partir de mes propres expériences. Pour moi il y aura toujours une histoire à raconter, c’est-à-dire qu’il y aura toujours quelqu’un qui pourra prendre la parole à la place de personnes qui ne sont plus là pour le faire et raconter l’histoire, dire « en 1930 il y a ça qui s’est passé », puis ça, puis ça, puis ça. Tu peux inculquer, parce que moi la faculté m’a inculqué des choses, mais il y a un moment où ça ne suffira jamais, en tout cas pas à l’université, c’est ça que j’ai toujours reproché. Par exemple le cours magistral sur les théories du cinéma que j’ai eu en première année, ce cours je m’en souviendrai toute ma vie parce que ça m’a énormément intéressée, mais je reprochais qu’une heure pour aborder une définition ça ne suffisait pas et que ça devenait du bourrage de crâne intensif, ça ne sert à rien, voilà. Petite phrase de Montaigne : « à quoi sert d’avoir la panse pleine de viande si elle ne se digère pas, ne se transforme pas ? », ça ne sert à rien. Il y aura toujours quelque chose à raconter, mais il y a un moment où ça ne va pas assez dans le fond, et où l’on ne prend pas assez le temps. Mais c’est l’université, ils n’ont pas le temps, c’est juste une espèce de boucle où l’on n’apprend que les grandes lignes, puis on vous demande « caractérisez-moi l’économie du blockbuster en trois lignes », et si tu ne sais pas y répondre, eh bien tu t’en vas. Ils ne laissent absolument pas de place parce qu’il faut évaluer, sauf que ça ne va pas avec l’art…
On ne parle pas d’art dans un cours sur le blockbuster… et encore moins sous un angle d’analyse économique…
Oui, en plus, surtout via l’économie. Mais si l’on veut parler d’art, un cours d’une heure trente pour parler d’opacité et de transparence des images ce n’est pas assez. Ou même quand en partiel on nous dit « Analysez le film de Richard Brooks ». Non mais mon état quand j’ai vu ça, c’est de l’absurdité totale de demander une chose pareille. C’est pour ça que l’université n’est faite que pour un type de personne, des gens qui font ce qu’on leur demande, mais ce n’est pas du tout du jugement, c’est super de savoir analyser quand on demande d’analyser.
Si demain je te dis « Inès tu vas donner un cours pratique de photographie », comment tu procèdes ?
Je m’imagine avec un petit groupe de travail. Déjà je pense que je proposerais d’aller dans la rue directement, je quitterais cette salle de classe. On irait dans la rue, les photos ça se commence tôt donc je dirais rendez-vous huit heures au centre-ville, on pourrait prendre tous un petit café parce que c’est important, et puis neuf heures on se met au travail. Et je leur dirais de prendre ce dont ils ont envie puisque moi ça m’a toujours plu dans tous les cours que j’ai pu faire, mais je ne vais pas leur demander « vous allez prendre des fleurs », qu’est-ce que ça m’ennuierait d’avoir un cours où l'on me dit « vous allez prendre des fleurs nettes et puis la troisième vous la faites un peu floue ». Non, pas de règles, je leur dirais juste montrez-moi la ville comme elle vous apparaît.
En leur imposant la ville, est-ce que tu ne les conditionnes pas esthétiquement ?
Peut-être qu’il y en a qui auraient préféré la mer par exemple, mais je me dis qu’un photographe est censé pouvoir prendre des photos un peu partout, dans un restaurant, partout, dans chaque lieu, sauf que si tu prends les travaux de deux personnes elles ne produiront jamais la même vision. C’est pour ça, ça m’aurait intéressé et j’aurais trouvé bénéfique de le faire dans la ville ; il y a une personne qui n’aurait peut-être pris que des bâtiments et puis une autre qui n’aurait pris que des gens qui travaillent, ou des gens dans les cafés. C’est là que l’art est intéressant, j’aurais eu la vision de chacun, je me serais intéressée à elle, puis à lui, puis à elle, pour savoir vraiment comment ils voient. Et je pense que ça aurait été plaisant pour eux.
Tu les notes comment après ? Est-ce que ça peut se noter ?
Mais non ça ne se note pas, je leur aurais dit « écoutez la note on s’en fiche », vraiment, parce que ce n'est pas quelque chose qui doit y être affilié, en aucun cas, jamais. C’est comme si tu exposes, tu veux vendre quelque chose, oui, mais tu ne mets pas le prix en gros. Tu mets quelque chose sur un petit bout de papier que personne ne voit ou qui, de son plein gré, va le voir, mais tu ne notes pas une oeuvre. Pareil, tu ne notes pas des gens sur leur vision, ça voudrait dire que ce n’est que sous ton prisme à toi, donc l’art n’a plus aucun sens. Tout devient des notes. Quand je vais voir des films au cinéma je ne regarde pas les notes parce que ça va m’influencer. Je suis allé voir The Whale…
Une catastrophe…
Vraiment je n’ai pas aimé, du coup je suis allée voir les notes, mais après ! Tu vas voir le film et puis tu te fais un avis. Forcément, je serais obligée de mettre des notes dans ce système-là, je mettrais quinze à tout le monde, mais il n’y a pas de compte-rendu à faire. Si je recevais des lettres de gens qui me font des comptes-rendus sur mes photos… je leur répondais que j’en ai rien à faire quoi.
Et les textes critiques ?
C’est important la critique, tu fais de l’art pour toi mais tu es content que les gens voient, et c’est bien de voir qu’ils apprécient ou qu’ils ne sont pas sensibles, et tu ne pourrais pas leur en vouloir parce que ce serait nul si tout le monde aimait…
Leur en vouloir tu peux, tu peux considérer qu’ils ne savent simplement pas regarder. Si on te disait que tes photographies sont mauvaises parce qu’elles ne seraient que du noir et blanc dans la rue ?
Oui je défendrais mon art, je défendrais mes photos, mais je ne peux pas changer les gens.
Je ne sais pas…
J’ai envie de fumer, est-ce qu’on peut aller dehors ? Pour le bruit ça ne sera pas gênant ?
On peut sortir oui.
Inès Guillemot
Propos recueillis par Baptiste Lechesne